Malheureusement, des problèmes techniques nous ont fait perdre l’émission. Nos excuses à nos auditrices et auditeurs! 😦
Animation et co-réalisation : Maxime Nadeau
Co-réalisation et mise en ondes : Émile Lachance-Landreville
Indicatifs musicaux : Robert Fusil
Chronique de Nelly Desmarais
Databiographie, Charly Delwart, Éditions Flammarion, coll. « Littérature française », 2019.
Résumé de la chronique de Nelly :
Le point de départ de l’écriture de Databiographie est la lecture par l’auteur Charly Delwart d’une statistique comparant le nombre d’animaux sauvages à celui d’animaux domestiques. Le contact avec ces données, qui lui ont semblé particulièrement parlantes par rapport au contrôle de la nature par l’humain, l’a éventuellement amené à produire des ratios sur sa propre existence afin de raconter sa vie en chiffres, c’est-à-dire sous forme de data (choses données en latin). Ce livre, une autobiographie à travers plus de 150 statistiques présentées sous la forme de diagrammes, de dessins ou de tableaux, couvre le plus d’angles possibles : environnement, société, famille, corps, finances. Les textes qui accompagnent et complètent les chiffres, sortes de « légendes », tiennent de la réflexion et du souvenir, de l’analyse ou de l’anecdote, et l’on s’amuse beaucoup à parcourir cet ouvrage souvent très drôle, où l’écrivain fait siens les outils du statisticien pour proposer une autre manière de lire la vie avec les chiffres. Ici, ils n’ont plus valeur de faits mais deviennent de véritables objets de création, et si on se moque de leur prétention scientifique, c’est pour enfin leur permettre de raconter de nouvelles histoires.
Commentaire de Maxime : Ce livre m’a rappelé un superbe essai dont nous a déjà parlé Nelly (émission 34) : Argent de Christophe Hanna (Éditions Amsterdam, coll. « L’ordinaire du capital », 2018).
Chronique « Lectures circonstancielles » de Lynda Dion
Le drap blanc, Céline Huyghebaert, Le Quartanier Éditeur, coll. « Série QR », 2019.
L’homme-canon, Judy Quinn, Leméac Éditeur, 2018.
Résumé de la chronique de Lynda :
Le point de jonction entre les deux livres, c’est un père qui meurt prématurément à cause de l’alcool. Dans les deux cas, il y a séparation des parents très tôt, et des filles qui vivent loin de leur père. D’où le besoin peut-être de s’en rapprocher quand la mort survient, quand le manque du passé rejoint le vide du présent.
Le drap blanc :
« C’est un projet important pour moi maman; j’ai besoin de connaître mon père. »
Livre qui présente une démarche intellectuelle et artistique, ce qui mène à un objet littéraire singulier et déstabilisant. La démarche qui préside à l’œuvre donne une structure au récit – mais peut-on vraiment parler d’un récit – il n’y a pas d’histoire, on est dans le vrai de la mémoire, elle-même insaisissable et souvent mensongère, pas si fiable que ça, au final. L’autrice enquête sur son père qu’elle a trop peu connu, le livre rassemble différentes pièces à convictions : interviews, rêves, souvenirs, dans un patchwork personnel qui ramène chacun.e à sa propre histoire de père.
L’homme-canon :
À l’origine, rien de conceptuel cette fois, mais un père marginal, le genre de père à faire rougir de honte n’importe quel enfant : « Je devais avoir huit ou neuf ans quand mon père a chié en bordure de l’autoroute. »
On est ici en présence d’un père anticonformiste qui est tout sauf parfait, sa principale qualité étant d’être à ce point caricatural, assez en tout cas pour en faire un personnage de roman. Un pari certainement gagnant de ce point de vue-là, puisque le livre de Quinn regorge de passages romanesques. Une approche qui enterre la vérité du père, si on la cherche, bien entendu. Mais là ne semble pas avoir été l’entreprise de Quinn, qui semble plutôt vouloir lui rendre hommage.
« Toutes ces histoires, c’est mon père qui me les a racontées. Voilà que je me retrouve seule avec elles. J’ai l’impression que mon unique nécessité est de les dire. »
18:37 Entrevue avec Pierre Samson 2/2
Lynda Dion et Mike C. Vienneau 